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Rencontre avec notre évêque Laurent

Il est à l’origine de l’Église Épiscopale Libre et des communautés qui la composent, mais il reste un homme : lui aussi a son histoire avec le Seigneur, individuelle, passionnante, réjouissante… et, comme ses prêtres, il en a fait quelque chose.

Voici le témoignage de Laurent Lenne :

Un père atypique

Son père était antiquaire brocanteur : la maison était souvent remplie d’objets de tout ordre un peu partout (des frigidaires, des cabines téléphoniques anglaises, …), et il allait souvent faire des débarras où Laurent prenait plaisir à l’accompagner.

En dehors du système, ce père tant aimé était communiste, convaincu : il refusait que Laurent ait un numéro de sécurité sociale car il ne voulait rien devoir à l’État, il n’appelait pas son fils par son prénom mais par « tovarich » (camarade, en russe).

Mais son père trompait sa mère, sans se cacher, ce qui a fini par faire des scènes à la maison, créant de fortes tensions qui ont fracturé l’enfance de Laurent.

Ces expériences ont rendu Laurent très tolérant avec les personnes.

Des pères Maristes pour 2ème famille

C’est grâce à son père que Laurent est allé chez les pères Maristes : en l’accompagnant pour vider des garages.

En arrivant dans le monastère, Laurent découvre une chapelle. Or depuis tout petit, il trouvait les églises merveilleuses et voulait toujours entrer dedans. Dans celle-ci encore, il entre : un vieux prêtre célébrait la messe, avec une longue barbe grise, chauve, et l’accent du terroir. Fasciné, Laurent fait comme les autres : il s’avance… et communie.

Il y retourne le lendemain, et le sur-lendemain, et tous les jours qui suivront. Y compris les jours d’école où il allait à l’office de 6h du matin, ou parfois plus tôt encore : pour prier seul dans le silence du Monastère, alors qu’il faisait encore nuit.

Le Père Claude Volin, qui avait accueilli Laurent la 1e fois, l’accompagne et le fait grandir très vite dans la foi. Laurent est aussi adopté par tous les autres pères et sœurs qui deviennent ses copains d’enfance. Laurent est chez lui ici.

Un matin qu’il prie dans la chapelle avant la messe, alors que le silence règne, il entend : « Suis-moi ». C’est son 1er appel.

Plus il avançait, plus il avait envie d’être prêtre, mais il gardait cet appel et ce désir dans son cœur.

Enfant, Laurent se voyait déjà évêque 🙂

Suivi d’un parcours « classique » : cela l’éloigne

Sa vocation s’affirmant, il a dû reprendre un cursus normal chez les catholiques romains : suivre le catéchisme et faire sa 1ère communion (alors qu’il avait déjà communié de nombreuses fois depuis longtemps). Il suit le parcours et devient enfant de chœur.

Il entre au Petit Séminaire puis au Grand Séminaire. mais dans les deux il se sent très mal, car en décalage avec les autres jeunes qui vivaient dans le monde et ne partageaient pas son désir d’être prêtre.

Au bout de 5 ans du Grand Séminaire, c’est l’année sabbatique : Laurent fait son service militaire et rencontre une fille… il ne retournera plus jamais au Séminaire.

Et voilà Laurent qui devient un chrétien non pratiquant, vit avec sa copine et la musique…

Puis il rencontre la femme qui deviendra son épouse : il cherche alors un travail « sérieux ». Il travaillera chez RCF (Radio Chrétienne de France) pour faire les informations, puis aussi les informations religieuses.

En 1998, RCF l’envoie à la journée annuelle de préparation des JMJ. En voyant tous ces jeunes en silence, en prière, il se tait aussi…

et il ré-entend : « Viens, suis-moi ».

Les années de recherches

Face à ce nouvel appel, Laurent retourne à la chapelle mariste de son enfant, lieu de son 1er appel. Il veut servir la messe. Il souhaite être diacre. Le curé trouve l’idée très bonne, mais finalement cela ne pourra pas se faire :

  • dans l’Église romaine, il faut 15 ans de mariage avant d’être diacre : ce qui est beaucoup trop long pour permettre à Laurent de répondre à l’appel qu’il a reçu. Heureusement l’évêque réduit cette durée à 5 ans : Laurent et sa femme se préparent, vont aux week-end de préparation…
  • mais une autre difficulté, non négociable, va se dresser contre leur projet : l’épouse de Laurent a déjà été mariée avant lui et ne parait donc pas fiable à l’Église romaine. C’est un coup d’arrêt définitif. Depuis ce jour, l’épouse de Laurent ne fera plus jamais rien avec l’Église.

Laurent s’oriente alors vers le pasteur Michel Languillat pour être pasteur, mais il faut pour cette responsabilité avoir un master en théologie : cette piste ne sera pas possible non plus.

Laurent entend parler des néo-gallicans. Il les rencontre et avancera avec eux jusqu’au sous-diaconat. Mais il commence à avoir des doutes à cause de pratiques qu’il trouve non alignées avec l’Évangile. Un autre prêtre partage les mêmes doutes : tous les deux quittent les néo-gallicans…

et rejoignent les anglicans en 2000. Laurent y rencontre l’évêque Pierre Walhon, un très bon pasteur. Mais la communauté est très américaine et le pousse vers une carrière aux US : il y aurait une grande paroisse et de l’argent… Laurent préfère rester avec sa communauté, même réduite, qu’il a créée à La Seyne.

Il poursuit son chemin dans une Église en pleine communion avec les anglicans : la communauté d’Utrecht où il est ordonné prêtre le 5 mars 2008 par le primat polonais.

ordination sacerdotale de Laurent Lenne, 2008

En juin 2008, Laurent participe à l’émission de télé-réalité Secret Story. Il avait un secret : être prêtre ; une ambition : en sortir célèbre en tant que chanteur. Mais Dieu a décidément son idée en tête : Laurent en sort effectivement célèbre, mais en tant que prêtre. Quand il quitte l’émission, les autres participants récitent un Notre Père : un bel hommage à celui qui commençait son nouveau chemin.

Le soir même de sa sortie de l’émission, Laurent retourne dans sa chapelle où ses paroissiens l’accueillent joyeusement.

Sa mission : l’unité dans la diversité, via l’Église Épiscopale Libre

Laurent rencontre Gianni di Marco, alors évêque de l’Église Apostolique Œcuménique. Ce mot « œcuménique » résonne parce que la paroisse de Laurent l’est aussi. Laurent invite Gianni en 2016 à sa paroisse de La Seyne pour célébrer la messe et participer aux agapes après avec la communauté. Les paroissiens adhèrent et cet échange fait ressortir pourquoi eux, catholiques, protestants, orthodoxes, vieux-catholiques, venaient dans cette paroisse : ils venaient pour vivre l’unité.

En avril 2016, la paroisse de Laurent rejoint l’Église Apostolique Œcuménique. Au printemps 2018, le synode élit Laurent en évêque : il sera consacré le 2 décembre et partira alors en mission.

Laurent rassemble les prêtres Alain, Serge, puis Laurent, Jean-Jacques… Fin 2019, il a déjà construit un beau diocèse de 9 paroisses. Et il continue car il reçoit son ministère d’évêque comme une mission à appeler au nom du Christ les gens qu’il rencontre et qu’il sent à créer des communautés.

Fin 2020, des mouvements avec des départs : c’est une période difficile de séparations, mais le socle tient bon et se relève plus fort. Début 2021, l’église rejoint la Communion Anglicane Libre et change de nom pour devenir l’Église Épiscopale Libre et continuer son chemin libérée.

Son combat : libre et engagé

Sa mission : encourager les chrétiens à décider et faire appliquer les décisions du peuple chrétien, pour construire une Église sans cesse en mouvement.

Sa volonté : être présent…

  • dans la vie des personnes qui en ont besoin, qu’elles soient dans notre Église ou pas, pour vivre l’unité dans la diversité ;
  • pour apporter les réponses qu’il n’a pas forcément eu quand il était paroissien ou prêtre, pour être à l’écoute de ses prêtres et de ses communautés ;
  • pouvoir porter un message, une parole.

Son fonctionnement : synodal. Les apôtres ont fait au départ des synodes pour faire les lois et des évêques pour transmettre.

Son rêve : que chaque chrétien, prêtre ou laïc, soit engagé et acteur pour faire avancer l’Église. Le Christianisme bouscule : nous devons donc être capables de nous remettre en question, de ne pas rester figés, et de nous avertir mutuellement des dangers ou des joies, pour avancer ensemble.

Sa cathédrale est à La Seyne, près de Toulon : n’hésitez pas à passer lui dire bonjour, il vous accueillera dans la joie et le respect… mais attention, il perturbe :).